Une caractéristique de l’écriture tchèque est de conserver la visibilité du système linguistique contrairement aux langues slaves qui ont adopté une écriture phonétique. Au prix de deux règles phonétiques d’autant plus simples à appliquer qu’elles vont dans le sens du moindre effort articulatoire, on conserve une proximité évidente avec le système linguistique. Les langues avec une conception phonétique de l’écriture perdent de la calculabilité par rapport au tchèque comme nous le montrerons plus bas. Le lieu où s’applique l’assimilation régressive de sonorité en est une excellente illustration:
En première ligne, le tchèque présente une unité de forme : le « z » de l’adjectif « blízký », « blízká », « blízké » et de l’adverbe « blízko » se retrouve dans la forme palatalisée « ž » du comparatif de l’adverbe « blíže » (Cf. le chapitre https://linguotheque.huma-num.fr/la-suite-consonne-dure-voyelle-molle/ et suivants). En dehors de cette dernière forme, le « z » est bien prononcé naturellement « s » par application de l’assimilation régressive.
En croate, la relation entre l’adjectif, l’adverbe et le comparatif de l’adverbe n’est assurée que par la forme de masculin (nominatif singulier) « blizak ». En effet, le croate, langue slave du Sud-Ouest, fonctionne avec des formes courtes de l’adjectif. Ainsi, le masculin possède une désinence zéro, marque de la présence originelle d’un jer dur en fin de mot. Le « a » de « blizak » est la vocalisation d’un jer de rang pair (à partir de la fin du mot) qui est toujours « a » en serbo-croate (Cf. https://linguotheque.huma-num.fr/disparition-et-vocalisation-des-jers/). Cette forme permet de comprendre la forme palatalisée du comparatif de l’adverbe.
Par contre, en polonais, langue slave du Nord-Ouest, les adjectifs possèdent essentiellement une forme longue de désinence. En dehors du comparatif de l’adverbe, toutes les formes possèdent « s » que le système linguistique ne permet pas d’associer à « ż », ce qui complique l’exposé didactique et la compréhension de la langue par l’apprenant, polonais ou étranger. Si en traitement automatique on est obligé de considérer toute suite de sourdes comme étant l’assourdissement éventuel d’une sonore suivie d’une sourde, on perd de la calculabilité, car un certain pourcentage de ces suites sera réellement un assemblage de sourdes. Ainsi, l’adoption d’une vision phonétique de l’écriture a pour conséquence que le système graphique n’est pas en accord avec le système linguistique.
Le tchèque conserve une vision systémique et étymologique grâce à deux lois phonétiques simples :
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- l’assourdissement en fin de mot et
- l’assimilation régressive de sonorité
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que nous allons examiner dans les deux leçons suivantes.