Les réécritures de « ď », « ť », « ň »

 

L’écriture tchèque réordonne deux suites triples de consonnes dentales molles  « ď », « ť », « ň »:

        • la suite « ď + i/í », « ť + i/í », « ň + i/í »
        • la suite « ď + e », « ť + e », « ň + e »

1.

La suite « ď + i/í » se réécrit en « di » et « dí », la suite « ť + i/í » en « ti » et « tí » et la suite « ň + i/í » en « ni » et « ní ». Nous avons vu précédemment (https://linguotheque.huma-num.fr/la-suite-consonne-molle-voyelle-dure/ – Implications historiques b.) la transformation historique de la suite « consonne molle – u » en « consonne molle – i » qui fait que le mot « ľud » soit devenu « ľid » et finalement « lid ». Ce processus évolutif est marqué par une impossibilité de double mouillure qui libère le « l » de sa mouillure, le « i » étant déjà une unité de mouillure. C’est cette transformation qui a fait de « l » une consonne mixte. La réécriture des 3 dentales ci-dessus devant un « i » mou suit le même processus.

Ainsi, « zeď » (mur), substantif féminin, fait « zdi » au locatif singulier : « na zdi » (sur le mur), « báseň » (poésie), également féminin fait « v básni » (dans la poésie) et « trať » (voie ferrée), toujours féminin, fait « na trati » (sur la voie).

Il convient de remarquer que les suites « di », « ti », « ni » ne sont pas molles dans les mots étrangers.

 

2.

Les suites « ď + e », « ť + e », « ň + e » ont un comportement particulier qui va à l’inverse de ce que nous avons vu en https://linguotheque.huma-num.fr/la-suite-consonne-molle-voyelle-dure/ Implications historiques a.

Ici, la mouillure de la consonne dentale passe sur le « e » sous forme de háček. Nous aurons ainsi les transformations « ď + e » qui donne « dě », « ť + e » qui donne « tě » et « ň + e » qui donne « ně ».

Face à « muž » (homme) qui a le génitif et l’accusatif singulier en « muže », nous trouverons pour « hlemýžď » (escargot) un génitif et un accusatif singulier en « hlemýždě ». La nature mouillée de « ď », « ť », « ň » apparaît bien dans la flexion des substantifs neutres à augment (cf. https://linguotheque.huma-num.fr/modele-neutre-a-augment-kure/). Ainsi, « mládě » (petit d’un animal) fait en présence du « a » de l’augment du pluriel « at » « mláďata », « štěně » (chiot) fait « štěňata » et « kotě » (chaton) « koťata ».