La quantité est un phénomène marquant de la prosodie tchèque. Elle possède actuellement deux degrés : bref et long. Une voyelle longue est deux fois plus longue qu’une brève. Les diphtongues sont de la même durée qu’une longue. Il semble qu’il y ait eu trois degrés en vieux slave, les « jers », dont nous reparlerons en grammaire historique (https://linguotheque.huma-num.fr/disparition-et-vocalisation-des-jers/), étaient, semble-t-il, d’une demie longueur présentant une échelle 0,5/1/2.
La quantité et la mouillure sont au cœur de la morphologie. Dominer ces deux phénomènes permet de comprendre son fonctionnement et donc de l’assimiler plus facilement.
Un aspect remarquable du tchèque est d’avoir consigné ces phénomènes phonétiques dans son écriture. Le tableau ci-dessous présente les oppositions de longueur vocalique. On pourra constater que le graphème représentant une voyelle longue est composé : la voyelle concernée porte un diacritique, « l’accent aigu » du français, appelée « délka » (longueur). Ce diacritique représente donc la longueur dans l’écriture tchèque. Il est accompagné d’une exception, le « ů » (« u s kroužkem » – u avec un petit rond) où le « ° » représente la longueur. Il s’agit originellement du o long tchèque que nous présenterons ci-dessous.
Pour des raisons de complétude de la présentation des voyelles, nous avons gardé dans ce tableau le « ě » (e mouillé) dont nous reparlerons lors de l’étude de la mouillure.
Ces graphèmes bref – long peuvent s’opposer au sein de quelques mots dont le sens dépend de cette opposition. Voici quelques exemples :
Il est donc important de mémoriser la présence des voyelles longues. Lorsqu’il veut savoir si un mot contient une longueur, un tchécophone le prononce à haute voix, ce que ne peut pas se permettre un étranger, du moins au début de son apprentissage. Aussi, je vous recommande vivement de prononcer les voyelles longues exagérément longues, afin de fixer leur présence dans votre mémoire.
Mais l’importance de la longueur est bien plus grande dans le domaine de l’écrit grâce à une fréquence élevée des voyelles longues due à plusieurs périodes historiques de contraction au cours de l’évolution phonologique du tchèque, la première avant la fin du 10ème siècle, les secondes aux environs du 15ème /16ème siècles.
La longueur dans la graphotaxe tchèque est LE phénomène déterminant pour la calculabilité du tchèque qui se révèle être, de loin, la plus calculable des langues slaves. Nous allons étudier ci-dessous quelques phénomènes qui participent à cette calculabilité et apportent de l’aide aux apprenants.
Nous examinerons :
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- l’origine, la nature et les positions complémentaires des « u » longs
- la valeur des voyelles longues en fin de mot.
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