La tradition scolaire tchèque classe les voyelles en 2 séries : dures et molles. Le tableau proposé ci-dessous introduit le concept de « mixte » repris de la logique utilisée pour les consonnes. En tchèque moderne, la seule opposition de mouillure fonctionnant pleinement est celle des « y/i » avec des i durs (« y » et « ý ») opposés à des i mous (« i » et « í »).
La question du « e » mou (« ě ») est plus délicate et est liée de manière importante à un héritage diachronique, celui de la transformation historique de « a » à « ě » et « e » qui pourra être consultée en détail à l’adresse https://linguotheque.huma-num.fr/la-transformation-de-a-en-e/.
Cette transformation est contemporaine de celle qui a produit « i » à partir d’un « u » dans le même patron Consonne molle – Voyelle dure que précédemment, mais ici l’influence se fait sentir surtout dans le lexique. Nous avons par exemple « lid » (peuple) là où le slovaque a « ľud », et plus largement les autres langues slaves. On pourra se reporter à https://linguotheque.huma-num.fr/la-transformation-de-u-en-i/.
Si le « e » long est indubitablement dur, il n’en va pas de même pour le « e » bref qui peut être dur, mais aussi de nature molle dans un contexte Consonne molle – « e » où ce « e » est le résultat de la suppression du háček par interdiction de double mouillure. C’est le cas notamment dans la construction de la forme en « ě » des adverbes ou dans la flexion. La vidéo de la page suivante (https://linguotheque.huma-num.fr/a-propos-de-la-double-mouillure-de-e/) donne l’exemple de la flexion de féminins durs terminés en « -a ». A la flexion au datif et locatif en « ě » d’un mot tel que « žena » (femme) qui donne « ženě » il est possible d’opposer les mêmes cas d’un mot tel que « holka » (petite fille) qui donne la forme « holce », passée par une forme implicite « holcě ». Dans des situations de ce type, « e » ne peut pas être considéré comme voyelle dure. Cela serait en contradiction avec le fonctionnement systémique des suites Consonne – Voyelle (Cf. https://linguotheque.huma-num.fr/regles-de-transformation-des-suites-consonnes-voyelles-video/).
Le « e » bref est donc classé en tant que voyelle « mixte » par analogie avec le fonctionnement des consonnes mixtes.